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Terre de patrimoine et de légendes, la Bretagne abrite des parcours aussi singuliers que celui d’Oberthur Fiduciaire, un des leaders mondiaux de l’impression de billets de banque. En effet, l’entreprise a su se développer, depuis maintenant plus d’un demi-siècle, pour devenir un acteur incontournable dans l’écosystème breton et un ambassadeur de la « french touch ». De l’imprimerie historique au groupe reconnu mondialement, retour sur un parcours habilement mené.


Oberthur Fiduciaire : une histoire « encrée » en France
Une empreinte historique et locale

L’histoire d’Oberthur Fiduciaire commence en 1842, date où François-Charles Oberthur, un imprimeur et lithographe d’origine alsacienne, installe son imprimerie près de Rennes. Elle prend naturellement le nom de son fondateur : l’imprimerie Oberthur est née. Sous le charme du littoral breton, l’entrepreneur y trouve une certaine félicité : la réputation de son entreprise grandit tant et si bien qu’il est choisi pour imprimer l’Almanach des Postes. Une consécration pour François-Charles Oberthur qui décide alors d’étendre le champ de ses compétences à l’impression de labeur, puis dans les années 40 à l’impression de documents de sécurité et de billets de banque. Un héritage qui perdure encore aujourd’hui au sein d’Oberthur Fiduciaire.

« Je suis convaincu que l’entreprise est « imprégnée » de cette histoire locale, et que cela concourt à inspirer nos collaborateurs ! » déclare Thomas Savare qui dirige l’entreprise depuis 2011 et selon lequel déraciner l’entreprise serait  une « grave erreur ». Ce dernier se fait le gardien de cette culture d’entreprise très singulière et met un point d’honneur à préserver l’ancrage d’Oberthur Fiduciaire en territoire breton. Car l’entreprise est devenue une entreprise emblématique de la région et constitue, en soi, un petit bassin d’emploi fertile et pérenne. L’entreprise, en effet, emploie plus de 600 salariés sur le site de Rennes et aujourd’hui encore, le métier attire de nouveaux talents séduits par une savante alchimie entre tradition et technologies intégrées. En outre, sa longévité et son ancrage régional rassurent ses clients internationaux – des banques centrales, pour l’essentiel. Pour autant, on ne traverse pas un siècle et demi d’histoire entrepreneuriale sans connaître de zones de turbulences : dans les années 70, de graves difficultés ont bien failli sonner le glas de l’imprimerie bretonne.

De l’épopée entrepreneuriale à la success story

C’est alors qu’en 1984, menacée de fermeture, l’entreprise est rachetée pour un euro symbolique par un ancien cadre bancaire, Jean-Pierre Savare. Celui-ci compte bien redonner à l’imprimerie son faste d’antan et rebaptise l’entreprise François-Charles Oberthur en hommage à son fondateur. Les choix stratégiques de l’entrepreneur permettent à l’entreprise de se redresser et d’opérer une ambitieuse montée en puissance dans le domaine des moyens de paiement sécurisés et l’impression fiduciaire (documents de sécurité, et surtout, billets de banque). En presque dix ans, l’entreprise fait également l’acquisition de plusieurs sociétés spécialisées dans l’identité numérique et les cartes à puces qui sont regroupées au sein d’Oberthur Technologies.

En 2011, l’entreprise amorce un nouveau tournant, celui du recentrage autour des activités d’impression de haute sécurité et regroupées au sein d’Oberthur Fiduciaire. Les autres activités du groupe, notamment celles d’Oberthur Technologies sont revendues au fond d’investissement Advent International. « Ce changement ne nous a pas été imposé. Ce fut un choix délibéré reposant sur de nombreuses considérations stratégiques. La principale est le sentiment – largement partagé – que, dans un univers de plus en plus concurrentiel, le recentrage sur le cœur de métier est un gage d’excellence et donc de compétitivité », explique Thomas Savare qui prend alors la tête de l’entreprise.

L’entreprise prend ainsi un virage important afin de répondre aux nouvelles exigences du secteur, devenu au fil des années, « une activité industrielle à fort contenu technologique », comme le résume le DG d’Oberthur Fiduciaire. «  Certes, la monnaie papier existe déjà depuis des siècles mais les billets d’aujourd’hui n’ont presque plus rien de commun avec ceux de jadis ni même avec ceux mis en circulation voici quelques années » explique ce dernier.

Aussi, Oberthur Fiduciaire est engagé dans une course technologique face aux faussaires « qui se sont professionnalisés et organisés » comme l’explique Thomas Savare. Ce dernier porte ainsi les ambitions d’une « innovation permanente » : l’entreprise investit environ 5% de son chiffre d’affaires dans la recherche de système innovants en matière de lutte anti-contrefaçon et de protection des billets.

En outre, sa filiale Oberthur Cash Protection a, elle aussi, mis au point un système de neutralisation (SANBB pour systèmes antivol de neutralisation des billets de banque), redoutable en cas de vol de billets de banque. Il s’agit de rendre le vol inutile en libérant une encre indélébile, qui macule les billets dans le cas où le convoyeur se fait agresser ou si ce dernier ne se rend pas au point de desserte. Cette stratégie permet au groupe de se positionner comme un expert du billet de banque, de sa conception jusqu’à sa distribution et de participer à la production des nouvelles générations d’euros, qui ont été enrichis de nombreux système anti-fraude, souvent invisibles à l’œil nu.

Mais l’entreprise n’oublie pas pour autant d’où elle vient. « Nous faisons le même métier qu’autrefois et avec la même passion qu’autrefois, mais en recourant sans cesse à de nouveaux procédés, à de nouvelles technologies ». Ainsi Oberthur Fiduciaire se reconnait dans un concept singulier, celui de « l’artisanat high tech ». Ce positionnement permet de valoriser la sensibilité esthétique propre à l’entreprise, connue à ses débuts pour son Répertoire des Couleurs, dédié à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits. « Aujourd’hui encore, nous cherchons à cultiver ce sens de l’esthétisme, et le mettons au service des cultures du monde entier », précise Thomas Savare.

Un ambassadeur de la French touch

Car la griffe Oberthur a su ériger son savoir-faire historique en atout de compétitivité jusqu’à s’exporter à l’international. Le métier d’imprimeur de billets de banque implique de capturer l’essence d’une Nation et de la coucher sur le billet, véritable symbole national. C’est aussi cela que recherchent les quelques 70 pays qui font fait appel à l’imprimerie française. L’entreprise capitalise sur l’image positive dont jouit la France dans le domaine de la création. Le « bon goût français », permettrait de résister face à la concurrence mais aussi de répondre toujours plus aux attentes des Etats qui ont un désir croissant de se singulariser face à la mondialisation.
Et en véritable porte-parole de la French Touch, Oberthur Fiduciaire a initié en 2013 une nouvelle étape de son histoire. En effet, le groupe a créé une joint-venture avec l’imprimerie de la banque nationale de Bulgarie, dédiée à l’impression de billets de banque. Une manière de poursuivre sa croissance et de conforter sa position de champion parmi les nombreux exportateurs que compte l’industrie française.



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