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Pragmatiques, précurseurs, passionnés ou visionnaires, de grands industriels ou hommes d’affaires aguerris manifestent un engouement tellement puissant pour ces sujets, qu’en comprendre les ressorts nécessite de mettre un sens sur leurs démarches.


Les grands patrons, les médias, la culture et la connaissance
Vincent Bolloré, l’homme de médias
 
Dans la presse, le groupe Bolloré est connu pour posséder Direct matin, gratuit et tiré à 550 000 exemplaires chaque jour. Mais Vincent Bolloré est aussi et surtout un industriel à la tête d’un groupe diversifié dans des domaines porteurs tels que le transport, le fret maritime, ou l’énergie. Sa vocation pour les métiers de l’information n’était donc pas évidente dès le départ, d’autant plus que l’industriel aurait investi une centaine de millions d’euros à perte dans la presse gratuite depuis 2007. Les plus cyniques estiment que Bolloré consent à y perdre de l’argent, car il trouve des leviers d’opinion de ses investissements industriels à long terme.
 
Mais à y regarder de plus près, on y perçoit au fond une cohérence : il est un homme de médias, et environ la moitié du résultat du groupe provient des participations minoritaires du groupe dans la presse et la communication. « Je veux intéresser les enfants aux affaires familiales. Or les médias, ça leur parle plus que le papier », explique le futur magnat des médias, dont l’une des dernières réalisations est la création de la chaîne Direct 8. Et son ami et conseiller Philippe Labro peut en témoigner : « Vincent a tout supervisé, des embauches jusqu'à la pose des câbles, et assimilé tous les métiers à une vitesse confondante. »
 
Arnaud Nourry, « passeur et découvreur »
 
Plus discret et néanmoins influent, Arnaud Nourry est à la tête du numéro deux mondial de l’édition, Hachette Livre, présent aux quatre coins du globe depuis les Etats-Unis jusqu’au Japon, en passant par le Brésil et la Chine. Celui dont la mère était libraire pilote aujourd’hui en douceur la mue de cette maison d’édition séculaire fondée en 1826 par Louis Hachette. Mais pas question pour lui, pour autant, de céder aux sirènes du « tout numérique » qui ne représente que 5% des ventes de littérature générale en France.
 
Bien au contraire : les « libraires français ne doivent avoir aucun doute. Tous les acteurs français du livre tiennent au maintien du réseau de librairies indépendantes », répète-t-il à l’envi. En effet, le patron d’Hachette qui se définit comme un « passeur et un découvreur » a, à plusieurs reprises, recadré les appétits commerciaux sur le livre d’Amazon et de Google et s'est employé à protéger « l’écosystème vertueux » français contre les tentatives de « brader » les œuvres de l’esprit sur Internet. Le livre, en France, n’est décidément pas un produit comme un autre.
 
Pierre Bergé, homme d'affaire engagé dans les arts et la culture
 
Pierre Bergé, fondateur en 1966 de la maison de couture Yves Saint Laurent, invente le prêt-à-porter de luxe en faisant réaliser les modèles par un prestataire extérieur et en les diffusant dans des boutiques franchisées. L’industrie de la mode a fait la fortune de cet homme d’affaire, mais il a toujours été conscient que la culture avait aussi un rôle important à jouer dans la société et qu'il devait s'engager dans cette voie.
 
Il s'investira ainsi dans le mécénat, en participant à l’achat de tableaux pour le Louvre, ou à la rénovation de certaines salles de la National Gallery à Londres, mais aussi en dirigeant un théâtre et l’Opéra Bastille pendant cinq ans. Homme résolument engagé, il financera également la création de nombreux journaux : Globe, Courrier International ou encore Têtu, et deviendra en 2012 l’un des trois principaux actionnaires du quotidien Le Monde.
 
Xavier Niel, patron emblématique du web et engagé dans la formation
 
Xavier Niel, le patron emblématique du groupe Iliad, a révolutionné avec Free l’accès à la téléphonie mobile en divisant les tarifs par deux. 10ème fortune de France, il a annoncé en 2012 la création de l’école « 42 », un établissement gratuit et financé à 100% sur ses propres deniers, ouvert à tous, et dédié à « former les meilleurs informaticiens de France et d'ailleurs », selon les termes de son directeur Nicolas Sadirac. Niel justifie ainsi son investissement : « Le principal problème de mon métier est toujours le même : comment recruter des talents, comment trouver les développeurs dont nous avons besoin pour concevoir les logiciels qui vont nous permettre de créer des produits innovants. »
 
C’est donc un modèle d’enseignement « out of the box » que le patron de Free a voulu mettre en place : à l’Ecole 42, seuls le talent et la passion comptent (40% des étudiants de l’école n’ont pas le bac). Les méthodes pédagogiques y sont dépoussiérées : Nicolas Sadirac expliquant que « la transmission du savoir par les anciens est un concept dépassé », point d’enseignants ni d’horaires de cours chez 42, mais des ordinateurs en accès libre et des exercices à faire en ligne. Pour autant, l’Ecole 42, véritable pépinière de talents, a vocation à « faire le boulot que le ministère ne fait pas » explique, amusé, Xavier Niel. A bon entendeur…
 



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