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Le conseil d’administration du Groupe Vivendi a décidé de rentrer aujourd’hui en négociations exclusives avec Numéricâble. L’offre de Bouygues Telecom est donc passée à la cave, et la bataille ne fait que commencer


Effondrement des fondations Bouygues chez Vivendi
Choix Etonnant et Détonant

Finalement le Groupe tenu par Jean-René Fourtou a décidé de donner une suite à l’offre de Numéricâble via sa maison mère Altice. Dans l’heure qui a suivi le communiqué, la bourse a très largement répondu au choix. L’action Numéricâble a bondi de plus de 21% dans l’après-midi et celles de Bouygues et Free ont dévissé de respectivement 7 et 4%.

Certes, Altice s’avère le grand gagnant de cette convoitise médiatisée et bourrée de lobbying. Bouygues a perdu la manche, mais pas le match. Son offre était sans doute moins avantageuse pour Vivendi, plus compliquée aussi, puisque Vivendi ne se séparait pas totalement de SFR dans un premier temps.

Altice apporte directement du cash, donc fort apprécié par un vendeur, et tout est acheté… Pour financer cette acquisition, c’est un mécanisme de LBO (Leveraging Buy Out) qui a été retenu, à savoir de financement par la dette. Cette information est capitale, car la fusion va donner lieu à une conduite du changement, une transition très importante et en profondeur. Il ne serait pas impossible que le nouvel acteur s’apprête à se séparer d’une partie de son personnel d’une manière ou d’une autre.

Par ailleurs, Altice n’est pas côtée à Paris, mais à Amsterdam, et la Société est basée au Luxembourg. Ce système performant permet de contourner le matraquage fiscal français en toute légalité. Le choix est donc complètement détonant pour l’Etat français qui sort grand perdant de cette opération de ce point de vue. Le ministre du redressement Productif Arnaud Montebourg en prend acte, avec amertume. Les nouveaux propriétaires ne se sont engagés sur rien en termes sociaux, et l’imposition globale sera effectuée hors de France.

Sans le décider pour autant, c’est peut-être un effet boomerang de M. Fourtou vis-à-vis de l’Etat français. Rappelons que M. Fourtou avait eu quelques soucis avec le fisc français il y a quelques années. C’est donc sans doute sans tortiller que le fait de vendre à une entreprise non française s’avère un bon retour d’ascenseur en bonne forme.

Rebâtir des fondations

Finalement, Bouygues Telecom restera tel qu’il est aujourd’hui. Free aura toujours son problème de couverture de l’hexagone avec ses propres antennes. Ceci étant, une nouvelle collaboration pourrait être propice entre un Free bien spécialisé dans l’internet avec une technologie différente de Numéricâble, et Bouygues Telecom, bien développé en 4G mobile.

Par ailleurs, Numéricâble va devoir construire son offre, son terrain de jeu et sa stratégie avec SFR, qui sont tous deux respectivement identifiables à Free et Bouygues Telecom.
Il n’y aura donc pas de réduction d’opérateur mobile. C’est un fait subi par l’Etat et non choisi. Tout reste à construire pour chacun des acteurs, seuls ou ensemble.

Cité dans cet article : Numericâble SFR Vivendi


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