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Organisation et ressources humaines




L’avenir du groupe Casino et de ses salariés se joue aujourd’hui, alors que la société Rallye, actionnaire de contrôle du groupe, est entrée dans une procédure de sauvegarde pour se protéger d’attaques spéculatives. Les syndicats se mobilisent pour défendre l’emploi, qui pourrait être fortement menacé en cas de changement d’actionnaire.


Casino : défendre l’emploi face à la spéculation
Depuis des mois, voire des années, le groupe Casino est la cible d’attaques boursières massives d’une violence sans précédent, menées par des fonds spéculatifs anglo-saxons pratiquant la vente à découvert et cherchant à s’enrichir en faisant baisser artificiellement le cours de l’action. A tel point que la société Rallye, actionnaire de contrôle du groupe Casino, a pris l’initiative de se placer en procédure de sauvegarde pour se protéger de ces attaques.
 
« La procédure de sauvegarde va permettre à Rallye de travailler, sereinement, en concertation avec ses créanciers, à un plan visant à pérenniser son rôle d’actionnaire de contrôle du groupe Casino grâce à une structure de financement adéquate, durable et renforcée », précise Jean-Charles Naouri, le PDG du groupe, dans une lettre envoyée aux salariés. De son côté, le groupe Casino, qui n’est pas concerné par cette décision, va se concentrer sur l’exécution de son plan stratégique visant à s’adapter aux évolutions du commerce. Durant cette période de sauvegarde, l’entreprise ne sera plus obligée de verser des dividendes à sa holding de contrôle, ce qui lui permettra de dégager plus de cash-flow pour investir et rembourser sa propre dette afin de rassurer les marchés financiers.
 
L’idée de manœuvre a globalement été bien reçue par les salariés, qui se disent « plutôt rassurés par le fait que ce soit la direction du groupe qui ait lancé la procédure de sauvegarde pour se donner le temps de trouver des solutions », comme l’explique à l’AFP Laurence Gilardo, déléguée syndicale FO du groupe Casino, les syndicats ne cachent leurs inquiétudes quant à l’issue de cette procédure de sauvegarde. Car si l’actionnaire de contrôle du groupe Casino venait à changer suite à la pression des créanciers, les conséquences sociales pourraient être dramatiques. Dans un groupe qui n’a pas connu – contrairement à son concurrent Carrefour – de plan social ces dernières années, l’éventualité d’un tel changement ne peut que susciter de fortes craintes.
 
« Les créanciers, qu’il s’agisse de banques, de fonds d’investissement ou de spéculateurs, prennent traditionnellement peu en compte les aspects sociaux des dossiers qu’ils traitent », souligne ainsi Laurence Gilardo dans un entretien au JDE. « Une prise de contrôle extérieure, par qui que ce soit, aurait nécessairement pour objectif premier le remboursement des créanciers, et donc la vente rapide, et peut-être à prix cassé, de ce qui a la valeur au sein du groupe ».
 
Les syndicats ont donc décidé de se mobiliser pour défendre l’emploi. FO Casino et la FGTA-FO ont lancé une pétition en ligne (sur le site change.org) à destination des ministères de l’Economie et du Travail pour leur demander de « tout mettre en œuvre pour empêcher le démantèlement du groupe Casino et des entreprises rattachées à la société Rallye ». « Si la Société Rallye devait céder des parts à des fonds prédateurs pour rembourser la dette, il y aurait un vrai risque de démantèlement du groupe avec un fort impact sur le social », écrivent les syndicalistes dans cette pétition, qu’ils invitent tous les salariés à signer.
 
Il en va de l’avenir des 75 000 salariés du groupe en France. Des femmes et des hommes – et leurs familles – qui refusent que leur sort soit dicté par des intérêts purement financiers, voire spéculatifs. La finance mondialisée va-t-elle imposer ses oukases au détriment des intérêts du groupe et de ses salariés ? La question est aujourd’hui posée et tous les acteurs concernés par ce dossier, en particulier les créanciers et les pouvoirs publics, vont devoir prendre leurs responsabilités en connaissance de cause. Il ne serait pas admissible qu’un groupe français qui a fait la preuve de la pertinence de sa stratégie pour s’adapter aux transformations du commerce soit livré en pâture aux appétits du capitalisme financier ou de la concurrence.