m-tribune
Un site dédié au management et à la performance de l'organisation

Louis Schweitzer, l’ancien patron de Renault a été visionnaire lorsqu’il a souhaité racheter Dacia en Roumanie pour sa voiture à 5000 euros. Aujourd’hui, ce modèle de voiture bas de gamme est un véritable succès. Retour sur cette saga au moteur toujours dans le vent.


La crise active le segment des voitures neuves à bas prix
Faire plus avec moins

Techniquement, cela s’appelle du « right contenting ». Comment baisser le coût d’un produit en enlevant des pièces, en simplifiant, tout en laissant croire au client qu’il va bénéficier de quelque-chose de supplémentaire.

C’est un peu comme mettre des adjuvants colorés moins chers dans la lessive pour indiquer qu’il s’agit d’une innovation qui va rendre le linge encore plus propre. Il ne s’agit pas de tromper le client, mais de susciter l’envie et la convoitise.

Ainsi concrètement dans une voiture, l’exemple du levier de vitesse semble flagrant. Un décideur de Renault nous a fait remarquer lors d’une séance de « right contenting » que son ingénierie lui avait présenté la suppression du levier de vitesse pour les voitures automatiques.

L’enclenchement de la marche arrière et de la mise au point mort s’effectuait dans cette potentielle configuration avec un simple bouton. L’économie représentait pas loin de plusieurs dizaines d’euros au véhicule, ce qui est considérable. Le gain pour le client était de laisser une plus grande habitabilité dans la voiture et au besoin d’ajouter un troisième siège à l’avant avec un faible déplacement architectural du frein à mains. Finalement le décideur n’a pas donné suite à cette proposition, car « une voiture sans levier de vitesse, c’est une peu comme un véhicule sans volant ».

Faire du neuf avec du vieux

Pour tirer les prix vers le bas, rien de tel que de s’inspirer des gammes obsolètes. Ainsi, pour la Dacia Sandero ou même la célèbre Logan, de nombreux composants et formes ont été repris des vieilles Renault Clio. C’est ainsi que les afficheurs de radio, le tableau de bord, les boutons et cliquets ont été repris de l’ancienne voiture. Pas besoin de développement, juste un peu d’adaptation intelligente. Cela peut représenter une économie jusqu’à 30% du prix de la voiture.

Et il n’y a pas que Renault. D’autres constructeurs sont encore plus économes. Pour la carrosserie qui est fabriquée à partir de formes embouties, les outils d’emboutissages sont repris des anciens modèles, souvent bien usés un peu rafistolés et avec des formes un peu différentes pour laisser percevoir au client une cosmétique nouvelle.
Il n’y a pas du tout d’innovation. Enfin si, ce qui est innovant reste de fabriquer un produit différent avec un outil d’occasion. Et rien qu’avec une nouvelle vie des outillages, il est encore possible de gagner entre 15 et 20% du coût d’une voiture.
Il ne reste plus que le coût de fabrication. Alors pour rester compétitif, il suffit de fabriquer dans un pays où la main d’œuvre et la matière première sont peu chères. La Roumanie, comme tous les anciens satellites soviétiques restent encore de bonnes opportunités.
Avec toutes ces données, il est évident que la voiture à moins de 5000 euros semble plus que jamais au centre des nouveaux marchés automobiles. Renault compte bien devenir leader de ce nouveau marché fabriqué à partir de vieux modèles. Il reste à se demander si avec toutes ces simplifications, traduites par des enlèvements de pièces, les voitures ne vont pas s’envoler au premier coup de vent.

Cité dans cet article : crise innovation low cost renault voiture


Dernières notes