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200 kilomètres de tunnels, 68 gares, 4 nouvelles lignes automatiques… Le Grand paris Express fait figure de « chantier du siècle ». Pour réussir son pari, la Société du Grand Paris a réuni les fleurons du BTP français, dont le groupe Eiffage qui œuvre, avec toutes ses filiales, à la conception et à la construction de plusieurs segments des futures lignes du super-métro.


Le génie civil au défi du Grand Paris Express, les réponses d'Eiffage


Les trois majors françaises du BTP, Vinci, Bouygues et Eiffage, sont logiquement en première ligne sur les chantiers du Grand Paris Express (GPE). Chacune d’entre elles a décroché des marchés importants pour construire le nouveau métro de la « région capitale ». Eiffage, a notamment été choisi pour le prolongement d’Eole, la ligne 14 Sud, l’emblématique lot 1 de la ligne 16, ou le lot T2B de la ligne 15 Sud. Des succès (1) obtenus pour la moitié d’entre eux en groupement, avec d’autres grandes signatures du BTP. Le méga-lot 1 de la ligne 16, dont Eiffage assure seul la réalisation du génie civil, représente à lui seul un marché de près de deux milliards d’euros. Il inclut 20 km de tunnel et 25 ouvrages, dont 4 gares : La Courneuve, Le Bourget RER, Le Blanc-Mesnil et le grand hub de Saint-Denis-Pleyel, l’une des gares les plus importantes du nouveau réseau.
Et ce n’est pas fini : aujourd’hui, à l’instar des principaux acteurs du secteur, le groupe est positionné sur les appels d’offres concernant des lots de la Ligne 15 Ouest, entre Pont de Sèvres et Saint-Denis, et de la Ligne 15 Est, entre Champigny-sur-Marne et le Stade de France. Des méga-lots de conception-réalisation, d’un à plusieurs milliards d’euros chacun, et dont l’attribution devrait intervenir en 2022 et 2023.
 

Innovations et réduction de l’impact environnemental

« Postuler pour le GPE, c’est travailler pour un client bien structuré, proche du pouvoir, avec les impulsions que ce dernier donne dans différents domaines, qui sont autant de défis pour les contractants : bas carbone, numérique, traitement des déblais, prévention... », souligne Guillaume Sauvé, président d’Eiffage Génie Civil et Eiffage Métal. Les innovations développées sur les chantiers du GPE sont nombreuses. En conception, la numérisation toujours plus complète des études et l’utilisation d’outils de management participatif de type BIM permettent des gains de temps, donc de coût, et une plus grande satisfaction du client. En réalisation, l’innovation se traduit par la créativité des solutions pratiques et optimisées pour construire ce qui a été conçu, en absorbant les aléas quotidiens... Et sur le terrain, c’est toute une gamme d’inventions techniques qui se déploie, depuis les nouveaux « bétons très, voire ultra bas carbone » ou l’outil d’analyse des sols Carasol (2), qui permet une évacuation et une valorisation optimisées des déblais, jusqu’aux robots et aux drones, en passant par les camions à moteur électrique, pour réduire les nuisances. « Des progrès qui améliorent la productivité, la sécurité, facilitent le travail des équipes, et souvent anticipent les normes de plus en plus exigeantes imposées par la SGP », précise Guillaume Sauvé (3).
 
Les chantiers du GPE se déroulant dans des zones urbanisées, il faut également tout faire pour éviter de gêner les riverains. « La plupart du temps, pour pouvoir construire des ouvrages enterrés, et notamment les gares, nous utilisons une technique consistant à "fermer la boîte” afin de travailler à l’intérieur. C’est ce que nous appelons “travailler en taupe” », explique Imed Ben Fredj, directeur des supports opérationnels chez Eiffage Génie Civil. Objectif : estomper le bruit des machines, le bruit des allers-venues des camions et les émissions de poussière.
 
Innovation aussi sur le plan de l’insertion, puisque la SGP impose dans ces contrats une part fixe de travaux sous-traités à des PME locales (20 %) et un pourcentage d’heures de travail réservées à des personnes en insertion professionnelle (15 à 20 %). En la matière, Eiffage dépasserait de plus de 50% les objectifs (4), avec plus de 730 000 heures consacrées à l’insertion, et au-delà de cet indicateur, une démarche axée sur la formation en vue d’une intégration en CDI au sein du groupe. Même engagement du côté des PME (5), avec pour la ligne 16 dont Eiffage assure en groupement la construction, 368 millions d’euros au profit des PME, pour un contrat estimé à ,84 milliards. 
 

Co-traitance, co-activité et interdisciplinarité

Dans le paysage du BTP français, Eiffage se distingue par son interdisciplinarité et sa capacité d’intégration de tous les métiers. Un atout déterminant pour concevoir et réaliser les chantiers complexes du GPE et relever le défi de la conception-réalisation de façon optimale. Selon les projets, le groupe associe ainsi une partie de ses différentes branches – Génie Civil, Construction, Energie Systèmes, Terrassement, Fondations, Génie civil réseau, Rail, Routes – ainsi que d’autres entreprises spécialisées. En tant que mandataire de groupement, Eiffage assure la coordination de tous les intervenants, le maître d’ouvrage – la SGP – dialoguant avec un seul interlocuteur.
 
« Chez Eiffage, le mode projet s’applique de façon naturelle. Nous faisons travailler toutes les branches ensemble parce que nous conservons une taille et un mode de fonctionnement qui favorisent les contacts et la confiance entre les équipes, explique Guillaume Sauvé. Nous avons gardé la pratique de branches autonomes mais proches les unes des autres. Les demandes d’arbitrage remontent très vite et les décisions redescendent aussi vite, avec une identification rapide des bonnes solutions. Le travail est plus fluide, ce qui permet d’accélérer le tempo ».
 
Afin d’optimiser la performance globale du chantier, Eiffage s’assure également que ses co-traitants et sous-traitants ont bien le même niveau d’exigence en matière de sécurité et d’impact environnemental. « Il faut vraiment que le partenaire soit sur la même longueur d’onde que nous pour être sélectionné, affirme Guillaume Sauvé (6). Pour pérenniser sa démarche environnementale, Eiffage a même créé, avec des entreprises, des laboratoires et des acteurs sociaux, la plateforme « carbone & climat » Sekoya, entièrement dévolue aux matériaux et aux procédés bas carbones.
Côté sécurité, leitmotiv de toute la profession, la major n’a cessé de progresser ces dernières années malgré une année 2022 inaugurée par un drame dont la responsabilité semble ne pas lui incomber, faisant notamment du sujet un des critères de progression en matière de responsabilité au sein de l’entreprise, et un point cardinal de la sélection des sous-traitants. Concrétisation de l’omniprésence de cette préoccupation, Eiffage a déployé sur l’ensemble de ses emprises GPE l’outil « maison » Safety Force© qui permet à chaque collaborateur d’identifier et de faire remonter les situations à risque.
 
Quand il s’agit d’efficience globale, la coordination entre les différentes filiales d’Eiffage et ses entreprises partenaires se doit d’être parfaite. Et pour tenir les délais, cette co-traitance se double de plus en plus d’une co-activité (7) entre différents corps d’ouvrage. « Sur des chantiers de cette dimension, si vous juxtaposez les différentes phases, les travaux dureront 8 à 10 ans. Le seul moyen de compresser le temps est de travailler par fenêtre : il ne faut pas attendre de finir tout le génie civil avant de passer à la phase ultérieure, il faut travailler par tronçons intelligents », explique Imed Ben Fredj. Cette méthode d’avenir, expérimentée avec succès sur la ligne de TGV Bretagne Pays de Loire (8), est appliquée sur les chantiers du GPE en cours et le sera également – si Eiffage est retenu – sur les nouveaux appels d’offres des lots de conception-réalisation des lignes 15 Ouest et 15 Est.
 
 
Optimiser la conception-réalisation

Depuis deux ans, afin de gagner en efficacité, la SGP a en effet décidé d’opter, dans ses appels d’offres, pour des contrats de conception-réalisation : la conception des travaux sera désormais confiée aux entreprises qui les réaliseront. Une orientation prise par l’ancien président du directoire de la SGP, Thierry Dallard, et confirmée devant l’Assemblée nationale (9) par son successeur, Jean-François Monteils, président actuel, la qualifiant de « décision stratégique déterminante », qu’il souhaite « conforter, développer et en tirer tout le parti possible »,  l’ancien conseiller-maître de la Cour des comptes mettant notamment en relief que cette approche constitue « un dispositif renforcé de gestion des risques ».
 
Du côté d’Eiffage, on y voit une saine répartition des tâches entre donneur d’ordre et soumissionnaires. Selon Guillaume Sauvé, ce modèle « permet au client de se reposer sur l’entreprise pour l’optimisation du projet. En matière de coût, l’entreprise est libre de ses solutions techniques. Et pour la gestion de projet, c’est à l’entreprise “menante” du groupement qu’incombe la coordination et l’interface technique entre tous les lots, avec tous les contributeurs. La SGP peut alors se concentrer sur le dialogue avec les parties prenantes et la mise en cohérence globale du projet ».
 
Une configuration qui semble propice aux savoir-faire de la société. « Eiffage présente une vraie valeur ajoutée sur ces contrats de conception-réalisation car nous sommes capables de proposer des variantes aux projets envisagés initialement, visant notamment à les rendre moins coûteux et à les réaliser plus rapidement », souligne Pascal Hamet (10), directeur du projet du lot 1 de la Ligne 16 chez Eiffage Infrastructure. « Comme nous pilotons à la fois la conception et la réalisation, cela nous permet d’avoir une vision intégrée des deux phases, et donc d’en assurer logiquement l’optimisation ».
 
Comme l’indique Guillaume Sauvé (11), Eiffage se veut d’ailleurs « très actif pour participer à la formulation des nouvelles règles du jeu du secteur ». Car si le principe de la conception-réalisation est relativement simple, les modalités pratiques, techniques et juridiques de ces contrats méritent d’être mieux définies. Il faut dire qu’elles sont encore nouvelles sur des projets aussi complexes que le GPE, où les entrepreneurs sont soumis à une multitude d’aléas. Il s’agit de « trouver le bon équilibre », « chacun assumant ses responsabilités ».
 
 
 
 
Sources :
  1. http://www.politiquematin.fr/btp-eiffage-releve-les-defis-du-grand-paris-express-54498
  2. https://www.sensemaking.fr/Une-histoire-d-ingenieurs-dans-les-entrailles-de-l-Ile-de-France_a439.html
  3. https://www.journaldeleconomie.fr/Management-relations-clients-innovation-la-culture-d-entreprise-selon-Guillaume-Sauve_a10131.html
  4. https://www.ideal-investisseur.fr/durable/eiffage-homme-au-coeur-de-la-performance-8518.html
  5. https://www.mediaterre.org/actu,20210406141420,3.html
  6. https://www.rse-magazine.com/Developpement-durable-Eiffage-releve-le-defi-par-l-innovation_a4407.html
  7. https://www.sensemaking.fr/Le-GPE-un-accelerateur-de-developpement-technique-et-humain_a442.html
  8. http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/ligne-a-grande-vitesse-bretagne-pays-de-loire-r344.html
  9. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/opendata/CRCANR5L15S2021PO419865N044.html
  10. https://www.sensemaking.fr/Le-dialogue-pierre-angulaire-de-la-reussite-du-chantier-du-siecle_a438.html
  11. https://www.journaldeleconomie.fr/Guillaume-Sauve-Eiffage-sera-tres-actif-pour-participer-a-la-formulation-des-nouvelles-regles-du-jeu-du-secteur_a10693.html